Depuis un moment maintenant, j’ai décidé de prendre du recul vis-à-vis de mon utilisation d’Instagram, je me suis rendu compte que je m’étais noyée dans un univers du Faux et de l’Artificiel. D’ailleurs, je me retrouvais hésitante à poster des photos qui pourtant me plaisaient mais que je ne trouvais pas assez « instagrammables », et quand je dis « instagrammables », je veux dire parfaites et tout à fait irréprochables.
Et si toi tu ne te poses pas mille et une questions avant de poster une photo sur Instagram, eh bien je te félicite parce que tu as échappé à la dictature de la perfection à laquelle la majorité des jeunes utilisateurs ont cédé, et tu en as bien raison !
Il suffit de faire un tour dans les profils Instagram pour se perdre dans un espace ou tout le monde se montre à son avantage, des voyages dans des endroits à couper le souffle, des visages sans le moindre défaut et surtout des corps de rêves. C’est le concours de celui ou celle qui aura la meilleure vie et le physique le plus parfait, quitte à mentir et perfectionner le moindre détail. Dans la course aux « like » et à l’engagement, tout est calculé : position, arrière-plan, tenue, composition… Mais ce n’est pas tout, même en ayant mesuré tous ces éléments pour réussir une photo Instagram, les applications de retouche-photos se trouvent en dernier recours.
Pourquoi partager une photo ou apparaissent nos bourrelets alors qu’on peut tout simplement les éliminer ? Pourquoi prendre le risque de perdre des abonnées en s’affichant avec des dents pas très blanches alors qu’on peut tout simplement les blanchir ? Tout cela en attente d’approbation et de reconnaissance — qui se traduisent par des likes et des commentaires, et qui font grand bien à l’ego.
Mais cela ne nous met-il pas donc dans un cercle vicieux et malsain ? Ma photo au naturel ne plaît pas aux gens et n’aura pas assez de « like », je la modifie pour qu’elle charme mes followers, mes followers vont la liker ce qui va me rassurer et augmenter ma confiance en moi et mon amour propre. Mon bonheur passe par l’admiration des autres et tant qu’ils m’ont validé, et bien je suis heureux. En revanche si ma photo ne reçoit pas assez de likes, je commence à douter de moi, ma confiance en moi diminue et je me retrouve obligé de retoucher toutes mes photos.
Ce qui est triste dans cela, c’est que l’Homme n’arrive plus à voir la beauté dans le Naturel. Il n’y a plus de place aux défauts et imperfections, et pourtant ce que vous appelez maintenant « défauts » sont en réalité ce qui vous définit, ce qui fait votre identité et vous distingue des autres.
Des célébrités photoshoppées
Les célébrités, avec leurs millions de followers au compteur, sont aussi là pour nous faire comprendre d’une manière ou d’une autre que nos vies sont minables et insignifiantes. Ces stars que nous idéalisons tant, que nous croyons parfaites et qui nous vendent du rêve à longueur de journée ne devraient-elles pas avoir le maximum de confiance en elles ?
C’est ce que je croyais avant de découvrir le compte Instagram @Celebface qui dévoile les secrets cosmétiques et photoshoppés des riches et célèbres. Je n’aurais jamais imaginé qu’une mannequin aussi belle que Bella Hadid ou une femme refaite de la tête aux pieds comme Kylie Jenner éprouveraient toujours le besoin de photoshopper leur corps pour ne pas être sujet à la moquerie et aux critiques. Etonnant non ? Et si je vous dis que Kim Kardashian va jusqu’à modifier l’apparence de ses enfants avant de mettre leurs photos sur le site. Quand il s’agit de réseaux sociaux et de notoriété, les gens n’ont plus de limites.

C’est ce qui m’a poussé à réaliser que derrière chaque compte Instagram se cache des personnes comme vous et moi, avec leurs problèmes et très probablement leurs complexes. Et peu importe l’image qu’elles reflètent ce n’est peut-être pour elles jamais assez. Il s’agit donc de porter un regard plus objectif et ne surtout pas se mettre la pression pour leur ressembler.
J’ai pris conscience de la toxicité d’Instagram quand j’ai remarqué qu’une fois arrivée dans un nouvel endroit, je passais plus de temps à faire des stories et à prendre des photos qu’à profiter du moment présent, quand mon Mood dépendait de si oui ou non j’ai réussi à prendre une belle photo pour Instagram et quand j’ai senti que j’exposais quasiment toute ma vie sur le réseau.
Instagram et la « spirale de l’envie »
Cette obsession par la photo vient de ce que Hanna Krasnova de l’université Humboldt à Berlin appelle «la spirale de l’envie », spécifique aux réseaux sociaux : «Quand on voit de belles photos d’un ami sur Instagram, une manière de compenser est de publier des photos de nous encore meilleures, comme ça notre ami les voit et poste des photos encore plus belles, etc. L’autopromotion déclenche encore plus d’autopromotion, et le monde des réseaux sociaux s’éloigne de plus en plus de la réalité.» .
Tout cela pour dire qu’il est nécessaire de prendre du recul sur ces images quotidiennes qui peuvent nous apporter des pensées négatives, ainsi que de ne plus perdre le temps et dépenser de l’énergie dans quelque chose d’aussi trivial qu’une plateforme de photos. Parce qu’avant tout votre valeur ne se limite pas aux nombres de likes que vous avez, et ce n’est pas une simple image qui va vous définir.
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